Conseils pour rédiger une thèse |
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Voici quelques conseils pour mener à bien la rédaction de votre thèse d'informatique. Ces conseils ne sont nullement les miens. Après tout, je n'ai rédigé qu'une seule thèse dans ma vie. Ils m'ont été donné par des relecteurs que j'estime compétents, qui ont eu à encadrer et à rapporter moult thèses : ce sont principalement Claude Girault (Professeur à l'Université Paris VI), Paul Caspi (Directeur de Recherche au CNRS), et Gérard Berry (Directeur de Recherche à l'Ecole des Mines de Paris). Enfin ces conseils ne sont en aucun cas exhaustifs et ils sont ici sans ordre particulier. Bonne lecture et surtout bon courage pour votre rédaction.
Le plan : plus les titres sont de haut niveau, plus vous accordez d'importance à un concept, et donc plus vous le mettez en valeur. Il ne faut pas hésiter à remanier votre plan pour que la seule lecture de la table des matières donne une bonne vision de votre travail. Proscrivez les titres banals, style « remarque », « mise en oeuvre ». N'hésitez pas à découper un paragraphe, non pas parce qu'il est trop long, mais pour faire apparaître deux titres significatifs. Par exemple, les algorithmes et démonstrations importantes doivent apparaître dans la table des matières. Enfin n'hésitez pas à introduire des sous-titres supplémentaires, simplement pour rythmer le discours : les lecteurs superficiels trouveront ainsi les grandes lignes, et les rapporteurs trouveront les points essentiels sans avoir à les chercher.
Les introductions de la thèse, de chapitres et de sections : elles doivent motiver la démarche, expliquer les difficultés résolues, insister sur les concepts introduits, les résultats obtenus, la manière de les obtenir et enfin leurs conséquences. Les deux buts essentiels d'une introduction de chapitre sont : aider le lecteur à entrer et à naviguer dans le chapitre, et aider les rapporteurs à rédiger leur rapport ainsi qu'à les persuader de l'intérêt du chapitre.
Les conclusions de la thèse, de chapitres et de sections : elles doivent résumer les points forts, les replacer dans leur contexte, et également donner des perspectives et ouvrir de nouveaux problèmes. Par exemple une conclusion de chapitre peut conclure sur un problème qui sera résolu dans le chapitre suivant.
La mise en valeur des résultats : vous devez toujours bien mettre en valeur vos résultats. Vous êtes le seul qui ait intérêt à le faire. Pour cela il faut les énoncer en tant que tels, c'est-à-dire écrire explicitement que ce sont des résultats nouveaux et importants dans le chapitre où ils apparaissent. Il faut bien sur également les rappeler dans la conclusion, par exemple avec une section « Apports théoriques ».
L'utilisation du « nous », du « on » et du passif : la remarque qui revient le plus souvent au cours des soutenances de thèse est que les rapporteurs ont eu le plus grand mal à identifier dans le document les réalisations de l'étudiant. Par conséquent, utilisez le « nous » pour tout ce que vous avez fait et dont vous voulez être crédité ; les rapporteurs comprendront très clairement cela. Par exemple « notre but est de ... » ou « en appliquant notre algorithme ... ». Utilisez le « on » pour ce qui est banal dans la communauté, ce que tout un chacun peut trouver facilement. Utilisez le passif pour ce qui va de soi, ce qui est très général.
Les mots inutiles : par exemple « clairement », « trivial », « évidemment », « on voit bien que »... Il faut les éviter, et dans la plupart des cas on peut les supprimer sans changer le sens de la phrase. Ou bien le lecteur ne comprend pas et il se sent bête, puisque c'est censé être « clair » ; du coup le texte devient pédant. Ou bien c'est effectivement « trivial » et dans ce cas il vaut mieux omettre l'adjectif ou l'adverbe. Le texte y gagnera en concision et en clarté.
L'emploi des polices de caractères, des formats et des guillemets : employez la même police dans tout le document, y compris pour les titres et les sous-titres. Les seules exceptions sont les algorithmes et les exemples qu'une police différente permet de bien distinguer. Evitez d'employer le gras qui est réservé aux titres et aux sous-titres. Employez l'italique quand vous voulez souligner un mot. Cela remplace le souligné des machines à écrire qui est très laid. Ne mettez pas une phrase entière en italique car le lecteur aurait l'impression que vous êtes en train de lui crier dans les oreilles ! Enfin, selon les règles de la typographie française, les guillemets `«' et `»' doivent être précédés et suivis d'un espace insécable. Ils doivent être employés pour tout terme utilisé hors de son sens habituel.
L'état de l'art et l'étude bibliographique : utilisez leur nom exact pour les auteurs que vous citez. Ne soyez pas trop technique tout de suite et faites en sorte que les lecteurs non spécialistes du domaine aient une chance de vous suivre.
La clarté technique : il ne faut pas hésiter à introduire une définition pour chaque concept clé, et surtout à bien les séparer. En particulier il ne faut jamais mélanger deux concepts dans une même définition, ni masquer une définition au milieu d'explications ou d'une démonstration. En somme il faut que le lecteur puisse retrouver très vite tous les concepts clés. Veillez à bien énoncer les problèmes, théorèmes, algorithmes, et à toujours donner l'intuition des preuves. Par ailleurs, reléguer en annexe une preuve sous prétexte qu'elle est difficile peut être perçu comme du snobisme ou de la fausse modestie.
Les exemples : choisissez des exemples pertinents qui illustrent clairement vos concepts, algorithmes ... Distinguez bien les exemples explicatifs des exemples réels. Les exemples explicatifs doivent permettre au lecteur de suivre pas à pas l'exécution d'un algorithme. Les exemples réels servent à valider une méthode.
Les algorithmes : il faut leur donner à chacun un nom, de manière à les identifier facilement. Cela facilite la lecture et donc le travail des rapporteurs. Ils doivent surtout être commentés très soigneusement. Essayez par ailleurs de donner la complexité en temps et en mémoire des algorithmes que vous présentez, et de les comparer à d'autres algorithmes similaires.
Les figures : elles doivent être commentées très soigneusement dans le texte. De plus, toute figure doit avoir une légende qui résume son contenu. Certains lecteurs regardent les figures indépendamment du texte, et ils doivent donc savoir ce qu'elles représentent sans avoir à chercher l'explication perdue dans le texte. Enfin, n'oubliez jamais les axes, échelles, dimensions...
Les parenthèses : elles sont à proscrire si c'est pour préciser un terme, donner une définition ou un synonyme. Une définition a sa place en tant que telle. Et l'utilisation d'un synonyme introduit des confusions et doit donc être évitée à tout prix : pour chaque notion, forcez-vous à utiliser un seul et même terme tout au long du document.
Les brouillons : pensez à faire des brouillons sur papier au lieu de rédiger directement. Depuis que l'utilisation des traitements de textes s'est généralisée, plus personne ne fait de brouillon ! Il est pourtant très utile de regrouper toutes les idées, puis de réfléchir à leur enchaînement avant d'écrire au propre. Ça permet d'avoir une vision d'ensemble du texte que vous êtes en train de rédiger. Essayez et vous verrez que vous gagnerez du temps et de la clarté.
Relisez-vous s'il vous plaît ! Cela épargnera du travail inutile à vos relecteurs. Il est par exemple très énervant de trouver des incohérences de notations entre les figures et le texte. Donc la moindre des choses avant de donner une nouvelle version est de vous relire.